La plupart de mes jeunes judokas collégiens sont brillants intellectuellement, mais à l'issue du premier trimestre beaucoup de parents se sont plaints que leurs résultats étaient insuffisants. Tout est relatif cependant, les plus basses moyennes tournent autour de 14. Mais il est vrai qu'ils ont les moyens de faire mieux en s'investissant plus. Pourquoi ne le font-ils pas ?
L'explication réside dans l'organisation du collège actuellement : au nom de l'égalité des chances les élèves sont mélangés et l'on ne fait pas de classe de niveaux si bien que dans une même classe on trouve d'excellents élèves et d'autres en grande difficulté. Les professeurs adaptent leurs cours pour les élèves les moins bons. C'est d'ailleurs la consigne qui leur est donnée : se concentrer sur tous les types de handicaps. Les bons élèves s'ennuient ou même s'amusent et se font punir. En tout cas ils n'ont que peu d'estime pour le collège et les professeurs qui ne leur apportent pas grand-chose. Dans ce contexte ils font le « minimum syndical ».
S'ils étaient réunis dans une même classe, avec des cours à leur niveau, avec des professeurs qui les tirent vers le haut et qu'ils n'aient pas l'impression de perdre leur temps ils travailleraient beaucoup plus. Les professeurs eux-mêmes pourraient faire des cours de bien meilleure qualité et eux aussi seraient plus motivés. Il en résulterait une estime réciproque, voire une complicité, conditions indispensables pour que les élèves s'investissent.
Ce qui fait la différence entre le « minimum syndical » et l'investissement, c'est cette estime, cette complicité voir cette affection envers l'enseignants. Malheureusement cela ne se décrète pas. Lorsque les parents demandent à leurs enfants de faire le maximum il s'adresse à leur intelligence, à leur logique. Or ce n'est pas cette partie du cerveau qu'il faut solliciter, il faut s'adresser au centre des émotions. Tu dois estimer et aimer ton professeur devraient-ils dire. Mais là, ça ne dépend plus de l'élève mais du professeur, c'est à lui, par la qualité de son travail, son charisme, par ce qu'il apporte à l'élève d'obtenir cette estime. Ce n'est pas gagné, car dans le contexte actuel où tous les niveaux sont mélangés même pour un excellent professeur c'est une mission impossible.
Par contre je craindrai plus, que n'étant pas sollicité et stimulé pendant les quatre années du collège, ils prennent de regrettables habitudes de paresse qu'il leur sera difficile de perdre lorsqu'ils devront vraiment travailler.

Alain Chambefort

Retour éducation enseignement