Chronique de Jacques Juillard le 1er janvier sur France Inter.

La chronique politique de Jacques Julliard, éditorialiste à l'hebdomadaire Marianne
Parler de l’avenir en ce début d’année ? Alors parlons de l’école !
Ne nous disons plus« bonne année », mais « bonne école !», tant l’avenir scolaire des enfants est devenu chez les Français une obsession. Presque une névrose. Refonder l’école, comme le propose le gouvernement ? Qui n’applaudirait pas, tant cette école, jadis fierté nationale, paraît aujourd’hui dégradée, comme en charpie.
Les trois principaux chantiers du ministre Vincent Peillon sont :
- Le retour à la semaine de quatre jours et demi dans le primaire
- Le rétablissement d’instituts de formation pour les maîtres
- Le recrutement de 40 000 emplois supplémentaires, pour compenser les coupes claires et sombres de l’ère Sarkozy.
Programme salutaire auquel chacun ne peut qu’applaudir. Et pourtant le doute s’installe : il s’agit pour l’essentiel de revenir de l’école 2012 à l’école 2007. Pour une refondation, cela manque un peu d’imagination…
Il est vrai qu’aujourd’hui, la moindre réforme est un véritable parcours du combattant, avec des bataillons d’instances à consulter, qui vont des parents d’élèves aux psychologues, aux pédagogues, aux toutologues, sans parler des hôteliers et des commerçants du quartier.
Il n’y manque que l’essentiel, les intéressés. L’école n’est rien, en dehors de ce qui en constitue l’essence et que l’on finit par oublier : le lien de confiance et d’admiration qui doit exister entre le maître et l’élève. C’est ce lien qu’il faut à tout prix rétablir, car il est aujourd’hui brisé. Sans ce rapport personnel, analogue au colloque singulier qui existe entre le médecin et son malade, l’école ne sert à rien. L’école est un exercice de respect réciproque et d’admiration.
Quand j’étais enfant, je ne cessais de demander à ma mère un pull-over grenat, comme mon instit bien-aimé, Daniel Morand, qui fut aussi un héros de la résistance. Quand tous les enfants de France voudront un pull-over grenat, comme leur maître, alors la refondation scolaire chère à Monsieur Peillon, sera faite et bien faite.

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