Utiliser la suppression du sport comme punition
Utiliser la suppression du sport comme punition ?
Tout le monde n'est pas censé avoir une licence en Sciences de l'Éducation, aussi me permettrais-je de donner mon avis sur le sujet.
Lorsque votre enfant a une passion, par exemple le judo, il est tentant d'utiliser celle-ci comme moyen de pression en le menaçant de la lui supprimer partiellement ou totalement s'il ne se comporte pas conformément à ce qu'on lui demande.
Ceci n’est en aucun cas une bonne démarche. Pourquoi ?
1 L'attachement à cette passion et sa réussite sont liés en partie à la valorisation qu'il en retire aux yeux de son entourage en particulier de ses parents. Si on la lui supprime comme on le punirait de dessert ou de jeux vidéos, on le prive d'une partie de sa motivation. J'ai vu les enfants qui étaient sanctionnés par la suppression d'entraînement ou de compétition de judo abandonner systématiquement à plus ou moins brève échéance ce qui était pourtant leur sport favori.
2 Le judo est un sport de combat. C'est un sport qui apporte énormément sur le plan physique et sur le plan mental mais c'est un sport difficile, voir violent ou les risques d'accidents sont réels et la prévention la plus efficace est d'avoir un entraînement régulier. Si vous punissez votre enfant de judo vous augmenter sensiblement les risques d'accidents. Par ailleurs c'est également un sport très technique et toute absence entraîne des lacunes dans la formation.
3 Le judo (ou d'autres sports à haute valeur éducative) contribue énormément à l'éducation de vos enfants par la formation du physique et du mentale et par la confiance en soi qu'il apporte. Mais il a aussi permis à beaucoup « d'anciens » de connaître de très belles réussites. Ceci en utilisant directement les techniques pratiquées avec le club dans les domaines sportif, éducatif ou de loisirs ou en accédant à des postes à hautes responsabilités grâce à leur mental et leur personnalité.
4 Enfin, je me donne beaucoup de mal personnellement pour que la pratique au club soit de grande qualité. J'encadre bénévolement les compétitions presque tous les week-ends. J'ajoute des séances d'entraînement pour répondre aux besoins de mes jeunes judokas. J’organise, toujours bénévolement, à chaque période de vacances des stages ou des séjours à dominante sportive d’un niveau et d'une qualité supérieurs aux séjours les plus onéreux proposés par les associations ou les sociétés commerciales spécialisées. Je suis titulaire des diplômes les plus élevés dans ces différentes spécialités. Aussi lorsqu’un de mes élèves est « puni de judo », je considère que c'est montrer un certain mépris pour le travail que j'effectue auprès des jeunes.
Je suis amené à suivre les enfants à partir de l'âge de sept ans jusqu'à l'âge adulte et je continue à avoir avec mes « anciens » des relations dominées par l'estime et l'affection réciproque, aussi, il est bien évident que je suis très soucieux de leur santé et de leur réussite. Le sport pratiqué intelligemment est un atout formidable pour leur réussite, et je suis d'accord sur le fait qu'il ne doit pas gêner le travail scolaire ou par son abus compromettre la santé. Mais ceci n'a rien à voir avec le fait de l'utiliser comme moyen de punition.
Alain Chambefort