La pédagogie du judo au JCVA
Le judo est un sport difficile très technique qui exige de grandes qualités physiques et mentales mais en contrepartie il les développe. Sa pratique comporte des chutes, des combats debout ou au sol, elle peut donc présenter des risques de blessures. Pour toutes ces raisons (difficultés, risques) les entraînements doivent se dérouler dans la discipline et la rigueur, afin que les consignes techniques et celles concernant la sécurité soient parfaitement comprises et appliquées. Cela ne veut pas dire que les séances doivent se dérouler dans la tristesse et la sinistrose, elles peuvent parfaitement avoir lieu dans la bonne humeur mais en aucun cas dans le désordre. Par ailleurs au Judo Club du Val d’Azergues la barre est placée très haut dans le domaine éducatif. Ainsi l’ambition du club et des entraîneurs est de faire de leurs jeunes pratiquants des athlètes avec le mental correspondant tout en leur donnant le meilleur niveau possible dans le sport qu’ils ont choisi. Pour atteindre cet objectif il est nécessaire d’arriver à un certain niveau d’intensité lors des entraînements. Egalement pour cette raison leurs fréquences ne doit pas être inférieure à un minimum de deux par semaine. Un marathonien par exemple ne pourra pas s’aligner au départ d’une course s’il se contente d’un entraînement hebdomadaire limité à deux ou trois km. En judo il en est de même, il n’est pas possible, voire dangereux, de participer à une compétition si la préparation est insuffisante. Ce principe est également valable pour les entraînements : celui qui n’est pas au niveau ne prend aucun plaisir et court le risque de se blesser. Les seules exceptions concernent les judokas les plus âgés et les plus jeunes pour qui il faut moduler l’intensité des entraînements en fonction de leurs capacités physiologiques et psychologiques. Dans tous les autres cas ce serait une erreur, ce serait même malhonnête de dénaturer ce sport de combat si riche d’apport qu’est le judo pour le transformer en un ersatz qui n’aurait qu’un lointain rapport avec le sport inventé par Jigoro kano et qui naturellement n’amènerait à rien à son pratiquant.
C’est là un débat que j’ai parfois avec un certain nombre de collègues qui pensent que «s’ils font trop fort» c’est-à-dire si les entraînements sont trop intensifs ils vont perdre tous leurs adhérents. Aussi leurs séances sont «tranquilles» avec peu d’uchi komi et peu de randoris (combats d’entraînements). Au Judo Club du Val d’Azergues nous avons l’option inverse : les séances sont intensives comme doivent l’être les entraînements dans un sport de combat tel que le judo. Cette pédagogie a plutôt provoqué l’effet inverse c’est-à-dire que, loin de nous faire perdre des adhérents elle les fidélise. En effet, un entraînement intensif et de qualité va faire progresser les jeunes judokas qui vont atteindre un excellent niveau et remporter des succès en compétition. Cela va les valoriser et les encourager à continuer dans cette voie. Par ailleurs la pratique de ce sport à un niveau suffisant va former les jeunes sur le plan physique, elle va les renforcer sur le plan du mental, leur apportant la confiance en eux et la sûreté de soi. Que ce soit consciemment ou inconsciemment ils vont prendre la mesure de ces progrès et de l’apport du judo, ce qui va, là aussi, les encourager à continuer. En résumé pratiquer le judo de façon intensive sans le dénaturer ne fait pas perdre d’adhérents, bien au contraire. C’est par ailleurs se montrer honnête vis-à-vis des jeunes adhérents qui s’inscrivent pour faire un sport de combat pas de la danse
Alain Chambefort