Le haut niveau ou pas ?
La question se pose en ce moment au club avec une certaine acuité. Nous avons entre autres l'un des meilleurs groupes benjamins et minimes de la région. Des jeunes judokas qui adorent leur sport, et qui trustent de nombreuses médailles dans les interclubs et tournois ainsi que des titres départementaux et régionaux. Mais pour aller plus loin : championnat de zone, championnat de France, grands tournois il est nécessaire d'accroître le volume de l'entraînement en minimes déjà mais encore plus en cadets. En dessous de quatre entraînements par semaine au minimum, il est quasiment impossible de prétendre faire quelque chose lors de compétitions de ce niveau. Le jeune sportif la plupart du temps est très enthousiaste, son entraîneur est prêt à le soutenir mais ce sont les parents qui prennent la décision. Là nous avons deux types de réactions: ceux qui seraient prêts à tout pour que leur enfant soit champion et ceux qui sont très réticents car un tel volume d'entraînement et la participation à de nombreuses compétitions sont une contrainte indéniable au niveau de la vie familiale. Rares sont ceux qui acceptent simplement parce que c'est le choix de leur enfant. Les réticents vont naturellement prendre le prétexte scolaire, or jusqu'en classe préparatoire ou au moins jusqu'en première cela ne pose guère de problème étant donné le niveau actuel, si l'enfant est intelligent et n'a pas de difficultés scolaires. Avec ma longue expérience j'ai constaté que les jeunes qui ont atteint le haut niveau réussissent aussi bien, et même plutôt mieux, que les autres. La plupart m'ont témoigné que la volonté et le cran acquis dans cette pratique les avait aidés dans leurs études et leur carrière professionnelle.
Si le choix des familles est de limiter le nombre de séances d'entraînement, les entraîneurs doivent le respecter. Mais que cela soit très clair, que le jeune athlète soit conscient de ce choix et qu'on ne lui laisse pas espérer la réussite à un haut niveau. Le problème se pose lorsque grâce a ses succès régionaux le jeune athlète est invité à participer aux compétitions ou aux tournois à un niveau supérieur parfois à plusieurs centaines de kilomètres. Pour des compétitions de cette importance son entraîneur a le devoir de l'accompagner alors qu'il sait pertinemment que son élève n'a aucune chance, ce voyage qui pourrait se faire dans la joie et l'enthousiasme si le jeune judoka avait quelques chances de réussite devient dans ce cas une insupportable corvée. Je me suis hélas trouver plus d'une fois dans ce cas de figure. Par le passé nous avons eu au club de très nombreux athlètes qui ont évolué au niveau national voire international pour certains mais il est vrai que nous étions à l'époque dans un régime d'entraînement quasi quotidien qui ne posait aucun problème, ni aux familles ni au niveau des études, la plupart ayant brillamment réussi. Les temps ont changé, les mentalités ont évolué et d'un point de vue scolaire malgré un niveau incontestablement plus bas qu'autrefois il semblerait que l'on doive y consacrer plus de temps ?
Les comités départementaux de la FFJDA constituent souvent un groupe « élite » avec des champions à qui l'on propose des entraînements et des stages supplémentaires. La constitution d'un tel groupe au sein du club réglerait le problème : on s'inscrirait ou non pour un programme de haut niveau. Il n'y aurait plus de conflits sur la participation à tel ou tel entraînement ou compétition mais cela ne risque-t-il pas de générer des frustrations ou des rancœurs et de briser la belle harmonie qui règne au sein du club ? Je n'ai pas la réponse à toutes les questions.
Bien que je sois très fier du niveau élevé du club et de nos judokas on constate que ce même niveau peut-être aussi une source de problèmes. Les parents (et amis) qui ont des idées sur le sujet sont invités à m'en faire part.
Alain Chambefort