Égalité des chances ?
Vendredi 6 avril, cette semaine des hebdomadaires tels que l'Express publie le classement des établissements scolaires. Ce classement est établi en fonction de leurs résultats mais aussi en tenant compte de la qualité des projets pédagogiques. Un journaliste de France Inter s'est indigné dans sa chronique de cette publication, qui selon lui, stigmatise les établissements les moins bien classés. « Les gens qui en ont la possibilité inscriront leurs enfants dans les meilleurs établissements et ainsi la mixité sociale ne sera pas favorisée et les inégalités, l'injustice... perdurera. » Etc. etc...
Depuis de nombreuses années, l'égalitarisme est devenu le crédo de l'enseignement et du politiquement correct. Cette doctrine est née de la constatation qu'une majorité des jeunes qui faisaient des études supérieures étaient issues des classes sociales les plus favorisées. L'éducation nationale a reçu pour mission de remédier à cet état de fait et elle n'a pas ménagé ses efforts (socle commun, collège unique, carte scolaire, interdiction des classes de niveau...) pour atteindre ce but. Malheureusement on n'a jamais pu hisser les élèves en difficulté au niveau des meilleurs, par contre cette politique a réussi à abaisser le niveau général au point de ramener les meilleurs au niveau de ceux qui sont en difficulté. Ceci est constaté par l'organisme international OCDE qui classe le système scolaire français au 25e rang sur les 35 pays évalués. (Et la France est l'un des pays qui consacrent le plus d'argent à son système scolaire).
Que se passe-t-il concrètement au collège? Les élèves bons et mauvais sont mis dans une même classe. Certains ne maîtrise même pas la lecture correctement. Comment l'enseignant peut-il assurer un cours avec des niveaux aussi disparates ? Il fait donc son cours jusqu'à ce que tous les élèves aient compris, ce qui peut prendre beaucoup de temps. Pendant ce temps les bons élèves s'ennuient, ils tuent le temps comme ils le peuvent et se font sanctionner. L'enseignement n'avance pas et pourtant on a réduit les programmes au minimum. Voici l'explication des mauvais résultats au classement de l'OCDE.
Les syndicats d'enseignants, et même un certain nombre de politiques militent pour une multiplication du nombre de professeurs alors que ce n'est pas une question de moyens mais une question de méthode. La seule solution pour remonter la pente consisterait à revenir aux classes de niveau. J'ai pratiqué cette méthode en éducation physique durant toute ma carrière pour la plus grande satisfaction des élèves des parents et même de l'inspecteur. Il suffisait de regrouper deux classes pour le cours d'EPS, un professeur prenait les « forts » et un autre ceux qui avaient plus de difficultés. Par exemple en ski de fond les forts parcouraient de 10 à 15 km alors que les autres étaient limités à trois ou quatre. De plus selon les disciplines la composition des groupes variait.
En appliquant cette méthode à toutes les matières on pourrait remonter considérablement le niveau sans stigmatiser les élèves. Il suffirait de regrouper deux classes pour le cours de français, un professeur prendrait les « bons » et l'autre prendrait ceux qui sont en difficulté. La même chose en maths et dans les autres disciplines. De plus les élèves qui seraient dans les « forts » en français ne le seraient pas forcément en maths ou en SVT...
Malheureusement ces solutions ne sont pas dans l'air du temps et l'on tente de nous persuader que seule l'augmentation indéfinie des moyens résoudra le problème.
L'égalité est un objectif louable, il est dans la devise de la république « liberté égalité fraternité » pour l'atteindre la société peut mettre en œuvre un certain nombre de moyens, malheureusement elle ne veut pas encore agir sur le principal facteur d'inégalité : la génétique (cela viendra peut-être un jour). On peut naître grand ou petit, beau ou laid, fort ou faible, intelligent ou bête, en bonne santé ou souffrir de maladies... Et la société ne peut pas tout corriger.