Le temps pour le sport et le temps pour l’école

Le temps pour le sport et le temps pour l'école.

 

Si vous êtes un admirateur inconditionnel de notre système scolaire et que vous ne voulez surtout pas vous poser des questions, ne lisez pas ce qui suit car cela va encore vous agacer. Ne prenez pas non plus connaissance du classement PISA établit par l'OCDE entre les systèmes éducatifs des 35 pays les plus avancés car nous allons encore reculer alors que nous sommes déjà très mal classés (voir la précédente chronique). Il va sortir début décembre.

Précédemment, lors d'une petite circulaire d'information, j'expliquais qu'à partir d'un certain niveau de compétition il était nécessaire de s'entraîner trois, quatre ou cinq fois par semaine. Un certain nombre de mes jeunes champions ont les capacités et la volonté d'atteindre ce niveau. Malheureusement ils sont freinés par les parents qui objectent qu'ils n'auraient plus assez de temps pour faire leurs devoirs. Dans ce cas j'aimerais que l'on m'explique, comment Hugo qui suit le même programme mais par le CNED arrive, en ne consacrant en tout que 2h30 de travail quotidien à être en avance sur ses camarades du collège et à avoir un niveau beaucoup plus élevé ? Nous le constatons tous les jours en comparant le travail effectué. Comment se fait-il que les collégiens en consacrant sept heures par jour et quatre heures le mercredi à leurs études doivent encore ajouter du travail à la maison ? Ainsi si l'on compte une heure par jour de devoirs ils consacrent donc 37 heures par semaine à leur travail scolaire et Hugo entre 12 et 15 heures pour un bien meilleur niveau. À une époque où l'on met sans cesse en avant la productivité, on peut dire que le collège n'est pas très performant dans ce domaine ! Ni dans le domaine de l'efficacité, le classement PISA va le confirmer.

J'ai toujours eu beaucoup d'ambition pour mes jeunes judokas, j'ai toujours souhaité leur réussite non seulement sur le plan sportif mais également professionnel et social. Avec 40 années de recul lorsque l'on regarde la réussite des anciens qui ont été des judokas assidus et pour beaucoup des champions, on constate que les objectifs ont été atteints. « Les anciens » pouvaient consacrer de nombreuses heures par semaine à l'entraînement alors que le niveau scolaire était beaucoup plus élevé qu'actuellement. Il y a là un paradoxe difficile à expliquer.

L'essentiel de l'explication réside uniquement dans la méthode. La méthode actuelle amenée par une idéologie utopique (égalité des chances) a une efficacité et un rendement plus que médiocre qui de plus démotive tout le monde élèves et professeurs.

Malgré le niveau très bas de l'enseignement, la fatigue et le stress sont aussi élevés que si le système était excellent. Les élèves doivent se lever beaucoup trop tôt le matin et ne s'endorment pas assez tôt le soir ce qui fait qu'ils manquent de sommeil. Ajoutez à cela l'évolution des mœurs et des technologies qui fait que beaucoup de jeunes passent en une année 900 heures en cours mais 1200 heures par an devant les écrans et nous avons le cocktail qui les empêche de consacrer suffisamment de temps à la pratique sportive avec toutes les conséquences en particulier sur la santé que cela entraîne.

Alain Chambefort

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