Chronique d’une mort annoncée 2013

Chronique d'une mort annoncée.

 

Le judo club du Val d'Azergues, qui possède l'un des plus beaux palmarès de la région, véritable pépinière de champion est malade.

Y a-t-il une mauvaise ambiance ? Non, par rapport à la plupart des clubs, l'ambiance et les rapports entre pratiquants, dirigeants, entraîneur est excellente. Ceci est dû au succès : il y a moins de raison de se quereller lorsque tout va bien. C'est aussi dû en grande partie aux aventures extra judo que vivent les jeunes adhérents et auquel participent souvent les parents en pratiquant des stages sportifs de haut niveau. Ces stages leur font connaître des activités exceptionnelles qui renforcent la solidarité la cohésion et l'amitié au sein du groupe.

Les dirigeants ne sont pas à la hauteur ? Non le club a une équipe dirigeante stable et dévouée qui s'entend parfaitement. La présidente effectue un travail considérable avec compétence et dévouement. L'entente avec l'entraîneur est parfaite.

L'entraîneur n'est pas bon ? Cela se saurait ! Il a formé d'innombrables champions depuis plus de 40 ans. C'est l'un des meilleurs entraîneurs de la région d'après Arnaud Perrier ex conseiller technique régional et actuellement responsable des sports études en France. La Fédération lui a décerné la médaille d'or des entraîneurs.

Il n'y a pas assez d'entraînement ? Les horaires sont pas adaptés ? Les judokas qui le souhaitent peuvent s'entraîner quotidiennement et sont même pris en charge à la sortie du collège.

Le dojo est mal situé ? Les locaux sont insalubres ? Non même si la salle manque un peu de hauteur, elle donne satisfaction et les vestiaires construits depuis quelques années sont parfaits. La salle est située au centre du village et on peut se garer facilement.

La communication est insuffisante ? Non le club dispose sans doute de l'un des meilleurs sites Internet en France avec une mise à jour quasiment quotidienne, d'innombrables photos et vidéos des palmarès et des activités et une information très complète en particulier sur les compétitions. En début de saison une information est distribuée dans toutes les écoles les environs.

Mais alors de quelle maladie souffre ce club ? Le club souffre d'anémie. Il se meurt lentement par un manque de renouvellement de ses adhérents. Il est situé dans une petite commune qui compte environ 110 enfants à l'école primaire. Beaucoup de communes toutes proches ont aussi vu s'ouvrir des clubs de judo, ce qui l'a privé du recrutement sur ces communes. Ce fut Chasselay dans les années 70, puis Lentilly, Lissieu, le bois Dieu, La Tour de Salvagny, Fleurieux sur l'Arbresle… et enfin Châtillon commune située à 3 km de Lozanne. L'ouverture de ce dernier club n'aurait jamais dû avoir lieu car il y avait des accords entre la commune de Lozanne et celle de Châtillon : le foot à Châtillon (financé en partie par Lozanne, le judo à Lozanne). Mais les élus de Lozanne ont laissé faire. Pourquoi ? Les décisions prises par les élus sont parfois obscures et sans doute vaut-il mieux en ignorer les raisons. Il est bien évident que la création d'un club de foot à Lozanne aurait nui à celui de Châtillon. Les clubs risquaient alors de ne pas avoir assez d'effectifs pour constituer des équipes. Malheureusement il en est de même pour le judo même si ce n'est pas un sport d'équipe.

Les effectifs du club de Lozanne tombèrent alors de 150 environ à 115 adhérents. Pour avoir un club de qualité le chiffre critique étant d'une centaine, les choses aurait pu continuer ainsi.

Le club sportif de Lozanne avait une section karaté depuis les années 70. À l'époque des accords au sein du club sportif faisait que la section karaté ne recrutait pas d'enfant pour ne pas mettre en péril la section judo. Après le départ des Lhéritier et Puya qui dirigeait cette section, celle-ci a « vivoté » pendant plusieurs années. Lors du départ de l'entraîneur en titre il y a trois ans, un groupe d'entraîneurs lyonnais associés sous le nom de Dack Lyon a réussi à prendre la place. Ils ont été rapidement chassés du club sportif mais ils ont néanmoins obtenu de la mairie des créneaux, des salles et ils ont lancé quatre ou cinq arts martiaux différents avec autant d'intervenants pensant pouvoir établir des sections prospères. Malheureusement le recrutement sur Lozanne est limité et ils n'ont pas obtenu la rentabilité espérée. Après un an et demi certains ont cessé de donner des cours, lésant au passage leurs adhérents. Un certain nombre d'entre eux ont alors renié Dack Lyon et se sont présentés sous un autre nom. Ils ont à nouveau obtenu de la mairie des salles et des créneaux et le judo club a dû se battre pour conserver les siens.

Actuellement il y a quatre intervenants en « arts martiaux » issus d'associations lyonnaises ou extérieures à Lozanne proposant quatre ou cinq arts martiaux différents.

Le recrutement ayant toujours été le point faible du Judo Club du Val d'Azergues en raison du faible potentiel de Lozanne, cette concurrence ne pouvait que lui porter un coup fatal. Les effectifs sont descendus lentement de 115 à un peu plus de 70 cette saison. Heureusement en raison de la qualité du travail effectué le club ne perd pas trop ses jeunes compétiteurs. Mais les groupes école de judo, petits et moyens sont nettement déficitaires. Il manque au moins 10 adhérents dans chaque groupe.

Quel avenir pour le club ? Il y a de quoi être pessimiste car si nous possédons encore actuellement l'une des meilleures sections jeunes et adultes de la région, elle risque elle aussi de diminuer et c'en sera fini du judo sportif à Lozanne, de la pépinière de champion et de tout le travail éducatif qui va avec. Il pourra subsister un club ou l'on donnera des « cours de judo » comme dans la plupart des autres clubs environnants mais cela n'aura plus rien à voir avec ce qui se fait actuellement.

Les nouveaux rythmes scolaires vont peut être modifier la donne ? L'avenir nous le dira.

 

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