La crise des gilets jaunes
La crise des gilets jaunes
À l’heure où les lycéens et peut-être même les collégiens voudraient participer au conflit des gilets jaunes (je ne les y encourage pas, leur place est sur les bancs de l’école) je pense qu’il serait bien d’éclairer leurs lanternes en observant la situation avec un peu de recul. L’environnement et le climat sont également mêlés à ces troubles or nos jeunes sont particulièrement concernés par l’évolution future du climat.
Je suis souvent consterné par leur niveau culturel et leur ignorance. Ce n’est pas de leur faute mais de l’enseignement qui leur est donné et qui n’a cessé de se dégrader depuis 30 ans. (Témoin notre rang entre la vingt-cinquième et la trentième place au classement Pisa de l’OCDE qui classe les 35 nations les plus avancées du monde). De plus la tendance sociétale actuelle fait qu’ils lisent très peu, n’écoutent pas les informations et ne regarde pas les émissions de reportages, d’histoire ou d’économie propre à apporter des éléments à leur réflexion. Ainsi je me suis aperçu que des élèves de première ignoraient totalement ce que signifiait le protectionnisme car on ne le leur avait jamais appris.
Pourquoi ai-je cette démarche ? Sans doute parce que si mon but est d’en faire des athlètes avec le mental et la confiance en soi qui va de pair pour qu’ils réussissent dans la vie, j’aimerais aussi qu’ils soient cultivés.
La mondialisation, concomitantes avec le libre-échange et la dérégulation survenue dans les années 80 ont permis la libre circulation des biens et des capitaux entre les nations. Tous les pays du monde se sont donc retrouvés en concurrence. Les grandes entreprises sont devenues multinationales. Leur intérêt et celui de leurs actionnaires est donc de produire le moins cher possible pour faire le maximum de bénéfices à la revente. Comment produire au meilleur coût ? En faisant fabriquer dans des pays où la main-d’œuvre est peu chère, la protection sociale quasiment inexistante et donc également très peu chère et où les employés sont obligés d’accepter des conditions de travail parfois très difficile qui les rapprochent presque de la condition d’esclave. Par ailleurs les règlements environnementaux étant très peu contraignants, c’est là aussi une source d’économie non négligeable.
Ce qui devait arriver arriva et nos industriels ont délocalisé beaucoup de production dans le tiers-monde en particulier en Asie du Sud-Est. Certes cela a peut-être permis entre autres à la Chine de s’enrichir mais au détriment de la main-d’œuvre française. Ainsi nous avons perdu la majorité de notre textile mais aussi beaucoup de notre industrie lourde.
Nous sommes même concurrencés par les pays d’Europe ce qui est tout de même un peu fort alors que l’Europe est mise en avant comme le summum du progrès et des bienfaits. Ainsi récemment Whirlpool mais aussi Castorama et brico dépôt qui appartiennent au groupe Kingfisher se sont délocalisé en Pologne tout en continuant à vendre en France au même prix. Bien d’autres entreprises en ont fait de même. C’est intéressant pour l’entreprise et le bénéfice des actionnaires car le coût horaire de la main-d’œuvre est 4 fois moins élevé en Pologne.
Ceci a 2 conséquences : premièrement un chômage structurel en France qui avoisine les 10 % de la population et une tentation de tirer les salaires et la protection sociale vers le bas pour essayer d’être concurrentiel avec les pays les moins disant. L’Allemagne ou l’Angleterre ou d’autres pays d’Europe semblent avoir un chômage plus bas mais c’est parce qu’ils bénéficient d’une moins bonne protection sociale et beaucoup de travailleurs occupent des emplois à temps partiels ou sont obligés d’avoir 2 emplois pour survivre et sont souvent soit à la limite de la pauvreté soit dans la pauvreté.
En effet l’Europe est une zone « ouverte à tout les vents » et qui ne se protègent pas.
La protection sociale est meilleure en France, c’est une bonne chose mais la conséquence est que nos taux de prélèvement sont en moyenne 8 points au-dessus des autres pays.
Tout ceci fait que les classes moyennes n’ont cessé de s’appauvrir depuis plusieurs dizaines d’années. Il est devenu très cher de se loger, de nouveaux besoins ont été créés (téléphone portable…) Et les classes moyennes inférieures ont beaucoup de mal à s’en sortir. Il a donc suffi d’une augmentation importante des carburants dont nous ne pouvons nous passer pour mettre le feu aux poudres.
Ajoutez à cela le sentiment d’injustice qui est d’ailleurs une réalité à savoir que les plus riches n’ont cessé de s’enrichir tandis que le reste de la population s’appauvrissait. Des mesures symboliques comme la suppression de l’ISF (impôt sur les grandes fortunes) ou de la Flat tax (sur les investissements étrangers) ou encore les 40 milliards accordés aux entreprises dans le cadre du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) ont été jugées très injuste par une majorité de la population. Dans le même temps on a bloqué les retraites et augmenter la CSG (contribution sociale généralisée) des retraités en leur expliquant qu’il fallait se montrer solidaire avec les gens qui travaillent.
A titre d’exemple nous qui naviguons, lorsque l’on débarque dans un port en été, nous avons des dizaines de yachts de plus de 50 mètres de long (sachant qu’un bateau comme cela coûte environ 1million d’euros le mètre et plus d’un million d’euros d’entretien annuellement). Aucun de ces yachts ne paye des impôts car ils sont tous immatriculés dans des paradis fiscaux (Malte, Georgetown…) Et cerise sur le gâteau le plein de carburant est assuré avec du détaxé alors qu’avec notre petit voilier nous ne payons un 1,70€ le litre. On est en droit de se poser des questions sur la solidarité.
Enfin beaucoup de multinationales ne payent pas impôt grâce à « l’optimisation fiscale » ou en paye dans les pays là encore européens comme l’Irlande, le Luxembourg ou même les Pays-Bas. Quid de l’Europe ?
Pour en venir à une autre question c’est-à-dire le changement climatique dont on parle également beaucoup puisqu’il s’agit du prétexte pour augmenter les carburants. Un yacht comme ceux évoqués au-dessus consomment environ 900 l de carburant à l’heure. Ainsi pour se rendre de Marseille à Ajaccio par exemple il va dépenser environ 9000 litres de carburant. Comparez cela avec ce que nous brûlons pour nous chauffer ou pour mettre dans notre voiture.
Les 40 plus gros porte containers du monde rejettent autant de gaz à effet de serre que la totalité des voitures particulières du monde entier. (eux aussi se ravitaillent en carburant détaxé) et nous avons des milliers de portes containers et tankers qui sillonnent les mers. Ajouter les avions dont le kérosène est également détaxé… Et on nous fait la leçon sur notre voiture (dont nous ne pouvons nous passer) qui serait la cause du changement climatique. Sachant que les véhicules à essence rejettent encore plus de gaz à effet de serre que les véhicules diesels et que les voitures électriques seraient aussi polluantes mais par d’autres moyens que les moteurs thermiques nous somment là aussi victime de mensonges destinés à nous faire « avaler » les taxes qui ne sont que des impôts déguisés.
La solution à nos problèmes de climat serait sans doute de produire à nouveau localement, ce qui éviterait ces transports polluants en bateaux et camions, ce qui éviterait également produire dans des pays qui se fichent complètement des normes environnementales et qui polluent aussi énormément. Cela ferait revenir l’emploi dans nos pays et réglerait le problème du chômage et plus généralement améliorerait la condition des classes moyennes. Bien sûr les multinationales feraient sans doute moins de bénéfices. Comme la plupart des états leur sont inféodés (elles exercent un lobbying très actif. Je me demande si le terme lobbying n’est pas un euphémisme pour dire corruption). Par exemple Monsieur Barroso ex président de la commission européenne était un ancien de la banque Goldman Sachs (à l’origine de la crise 2008) et il est retourné dans sa banque après avoir abandonné ses fonctions à la tête de la commission européenne. Il a été remplacé par Monsieur Jean-Claude Juncker ex-premier ministre du Luxembourg qui a organisé pendant des années l’évasion fiscale des entreprises au profit du Luxembourg ! ? Et Monsieur Makro n’est-il pas un ancien trader de la banque Rothschild ?
Nous entrons là dans des phénomènes économiques très complexe et tous les économistes ne sont pas d’accord.
Voilà, j’ai essayé d’être synthétique, mais nous touchons à des phénomènes très complexes. J’espère avoir éclairé un peu votre lanterne. Pourquoi l’ai-je fait ? C’est sans doute mon côté professeur qui ressort.
J’espère que vous allez me lire et n’hésitez pas à me communiquer votre avis ou vos observations surtout mes étudiants qui sont en deuxième année d’école de commerce.
Alain Chambefort.